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rêvé le 25 janvier 2025
par Amélie Durand


C'est à l'intérieur d'un couffin, un visage grand comme une pièce de monnaie, de monnaine donc, tout drapé de laine, qui plisse à même la peau. Ce visage, c'est le mien et c'est pas forcément une bonne nouvelle. Donc je lui crie, en face :

- C'est fini, c'est fini, je le sais !

- Mouin, non, dit le visage, Je m'appelle Madame et toi, toi, toi, toi, toi, toi, toi, toi, tu n'as absolument rien à voir avec ça.

Rassurée, je chante une berceuse à l’adresse de Madame, à titre personnel. Comme toutes les berceuses, celle-ci contient une suite de multiples de trois : 6, 27, 3, 3, 321 et, évidemment, il faudra à tout prix mémoriser ces chiffres, car si on les combine, on obtient la seule raison valable de pleurer.

Là-dessus, Sibyle Veil, qui pousse la poussette depuis le début, soulève le drap de laine qui entoure le visage, pour se moucher dedans.

- Ça sort pas, ça sort pas, elle me dit. 3, 321.

- Mais il en manque, je réponds, et le corps du visage apparaît dans le couffin, inexplicable sous le drap de laine, attaché à son cou comme une anomalie médiévale.

- Impossible, nulle part ! je hurle à Sibyle Veil, qui était au courant. Mais celle-ci est déjà à cinq-mille kilomètres de là, en train de faire un stage pour apprendre à loucher, domaine où, pour l’instant, elle est impuissante, totalement synchronisée.

C’est donc le moment où le visage, posé au centre de mon assiette, se trémousse comme une patte de grenouille coupée et me dit :

- Tu vois, même comme ça, j’y arrive. Je vais jusqu’au bout des choses.