Il m’accompagne sur le chemin de l’hôtel, on y accède par en bas, par une plage qui n’est pas en France. On ne sait pas où on est, je me dis, ici, c’est sûr, c’est à l’étranger mais quelle langue parler ? L’hôtel est 19ème, colonnade et perron, il est posé sur un tas de sable de la hauteur d’une dune face à la mer mais ce n’est pas une dune, c’est construit avec un seau géant. De part et d’autre du tas de sable, deux escaliers pour accéder à la bâtisse. Devant la façade de l’hôtel, une pente en sable dévale jusqu’à la plage, comme un toboggan. Dans ma tête : « on doit monter par l’échelle ou l’escalier, jamais par le toboggan lui-même, c’est la loi ». On prend l’escalier de gauche, moi en tête. A mi-parcours une nuée d’enfants hurlant me fait les détester tout de suite. Ils sortent par vagues successives de l’hôtel avec la ferme intention d’écrouler le sable du toboggan de sable, ils dévalent, piétinent et les escaliers où nous sommes s’écroulent aussi, nous forçant à abandonner nos valises (une chacun) et à nous mettre sur nos fesses pour redescendre sur la plage en glissant. Du bas on voit mieux l’hôtel qui s’est éclairé entre temps. L’hôtel est dans la nuit et nous, en plein soleil sur la plage. Maintenant un port que je sais être un arsenal est apparu. Des gens sont rassemblés autour car il va se passer quelque chose. Je n’arrive pas à savoir s’ils parlent français ou pas, ça m’importe (dans ma tête : sinon il faut que je trouve du temps pour apprendre leur langue). Je me dis qu’il faudrait que je m’adresse à eux pour le savoir mais c’est inutile car l’agitation autour du bassin me fait comprendre que ça y est, ça va commencer. Une gigantesque péniche qui ressemble plutôt à un dirigeable à tête de requin se soulève de la surface de l’eau et retombe, quelqu’un explique dans mon dos (ah ! ils parlent français ici je me dis) que c’est une vieille tradition de pêche à l’espadon. Il fait de plus en plus jour sur la plage-arsenal et de plus en plus nuit là-haut, sur l’hôtel qui nous surveille. .