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rêvé en juin 2016
par Pierre Barrault
Je retrouve plusieurs membres de ma famille peu de temps après la mort de tante Odile,
qui finalement n'est plus morte puisqu'elle est là.
C'est dans le salon d'une maison que je connais, en Normandie,
non loin d'Étretat, plus précisément à Vattetot-sur-Mer,
une maison sans rapport avec aucun des membres de ma famille excepté moi.
Que tante Odile ne soit plus morte me surprend moins que le comportement de mes cousines :
elles semblent comme chez elles, ouvrent les placards, déplacent les meubles, répondent au téléphone.
Tante Odile se déplace en fauteuil roulant un peu partout dans la pièce à une vitesse préoccupante.
Les yeux de tante Odile sont fermés et sa bouche est ouverte, sa mâchoire tombe,
si bien que personne ne songe à la contrarier.
Au bout d'un moment, elle me roule sur le pied,
puis fonce en ligne droite vers la porte-fenêtre qu'elle heurte avec une violence inouïe.
Le fauteuil roule de plus en plus vite et il est bientôt clair que tante Odile ne le contrôle absolument pas.
Tout le monde s'écarte quand elle passe en trombe.
Nous voilà dans le jardin, sauf tante Odile, occupée à saccager la maison. Fracas incessant.
J'ai une bosse entre le cou et l'épaule. J'appuie dessus. C’est un os.
Il pousse, pousse, tant et si bien qu’il finit par percer ma peau.
Une colonne vertébrale maintenant s'étire à la verticale entre mon cou et mon épaule
et assez vite me dépasse d'une vingtaine de centimètres au moins.
Mes cousines m'aident à enfiler un pull de laine et cela fait un trou mais on y arrive.